Les chemins de Baron

Les chemins de Baron

 

Il y a deux cents ans, si vous comptiez vendre votre vin ou vous faire livrer des planches pour refaire le parquet de votre maison, il ne fallait pas compter sur la D 936 pour rejoindre Bordeaux ! Il fallait payer le bouvier qui, en charrette, allait de Baron au Port d’Arveyres puis le batelier qui assurait le transport sur la Dordogne jusqu’à Bordeaux.

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Où est ce chemin qui va d’Arveyres à Baron ? Il n’y a pas plus direct ! D’Arveyres, on passe par Tillède, Ruau, Carreyre, Capin, Noulet, et on rejoint l’actuelle route de Crain. Ce chemin est parallèle à La Souloire jusqu’à Sauton puis, fait étrange, la route de Crain traverse le ruisseau à Lambert et débouche sur la 936 ….et il n’y a pas de route en face !

 

                                                                                                                                              

Photo montage du port d'Arveyres

Un peu d’Histoire pour comprendre : Au cours des siècles passés, cette route était très fréquentée par les pèlerins de Compostelle qui allait d’Arveyres à La Sauve en faisant une halte à Baron (L’église est dédiée à Saint-Christophe, patron des voyageurs .) mais elle était aussi le lieu de passage des voleurs de grands chemins.

 

Au XVI° siècle, le chemin d’Arveyres à Créon passe par le village de Laborde, traverse le Plantier (vignes) de Belle-fontaine avec, en bordure, son pigeonnier puis descend directement nord-sud vers le village de Fauriard. Sur le bord du chemin, une petite chapelle (à l’emplacement même de la chapelle XIX°) attend le voyageur qui ensuite traverse le chemin qui va de Branne à Bordeaux (Route de Branne actuelle) et rejoint le village de Fauriard par la borie de Bisqueytan (Route Montesquieu actuelle).

 Au début, ce chemin était un sentier entre les vignes de Guillaume de Cursol et ses pressoirs mais « ce sentier est devenu chemin au cours du temps par tolérance commune et publique au grand préjudice de lui et de sa maison » Le roi Henri III lui accorde la permission de détourner le chemin.

Le nouveau chemin va toujours du village de Laborde à celui de Fauriard mais en passant le long de la source de Gassiot.

 

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 Au XVIII° siècle, les terres sont très morcelées et les propriétaires font des échanges pour rassembler leurs terres. A cette époque, le chemin passe par l’actuelle route de Crain, bordée à l’est par le ruisseau qui va de l’église de Baron au moulin de Crain  et à l’ouest par la bory de Gassiot.

L’histoire n’est pas finie ! Comment rejoindre le village de Baron ?

               Au XVIII° siècle, le voyageur traverse le chemin qui va de Branne à Bordeaux au niveau de la route Montesquieu actuelle puis s’engage sur un pont (daté 1776), traverse le champ actuel direction sud-ouest, repasse sur un pont situé au milieu du champ et rejoint le village au niveau du fossé du champ du pied de Grave (aujourd’hui la Gravette). Par temps pluvieux, la terre argileuse est gorgée d’eau aussi les gens prennent l’habitude de passer par le sommet rocailleux de la Gravette pour rejoindre le pont de Cassarat.

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   Nous voyons l'entrée de l'ancien chemin en face du château Bellefontaine avec le pont qui date de 1776

               Mais rien n’est prévu pour les charrettes ! Il y a bien un sentier non classé le long du fossé de Bariac mais il est trop étroit. Le 9 octobre 1835, M. Escudey, maire de Baron, décide d’en faire un chemin charretier, rejoignant le pont de Cassarat à la route de Branne à Bordeaux : le chemin doit avoir six mètres de large plus deux mètres pour les fossés. Sûr de l’utilité publique de son projet, il fait donc abattre les chênes qui étaient près du pont de Cassarat ….. sans prévenir M. de Cursol alors que le nouveau chemin empiète de cinq ares sur sa terre de la Gravette.  Il s’en suit un procès de deux ans dont les papiers nous permettent aujourd’hui d’écrire cette histoire. Finalement, M. de Cursol eut son indemnité et M. Escudey sa route !

               Au début du XX° siècle, la D936 était empierrée et le passage des premières voitures couvrait les arbres de poussière blanche. Elle ne sera goudronnée qu’en 1928.

               Aujourd’hui, la DDE veut faire un rond-point à l’intersection. Comment les baronnais l’appelleront-ils ?

Le rond-point de Bariac ? de Coudret ? de la bory de Gassiot ? Pourquoi pas le rond-point Escudey !

C.L.

Sources : archives privées