Guilhaume de CURSOL

Un humaniste baronnais: Guilhaume de CURSOL

Guilhaume de Cursol vivait au XVI° siècle à l’époque de Montaigne, Ronsard ou du Bellay mais aussi celle des guerres de religion.

Sa famille est établie dans l’Entre-Deux-Mers depuis au moins le début du XVI° siècle, époque où son père, Jean de Cursol, y possédait des fiefs. A la même époque, un Cursol est jurat de Saint-Macaire. Notons que sur les armes de la famille figure le lion de la maison d’Albret.

 
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Armes: D'azur à la fasce d'or (alias : cousue de gueules) accompagnée en chef d'un soleil de même
à dextre, et d'un croissant d'argent à senestres et en pointe d'un lion  léopardé d'or,surmonté                                     
d'une étoile d'argent.- Alias: De gueules au lion d'argent surmonté au premier canton d'une
étoile de même et au deuxième canton d'un croissant aussi d'argent. Meller, I,290

Où fit-il ses études ? Nous ne le savons pas, peut-être au Collège de Guyenne de Bordeaux où étaient ses amis Michel de Montaigne et Pierre de Brach. En tout cas, il faisait partie de l’élite intellectuelle de Bordeaux dans la deuxième partie du XVI° siècle.

Il assura plusieurs fonctions au cours de sa  carrière publique :

  • En 1560, alors que les tensions entre catholiques et protestants sont très vives, il part en ambassade auprès de Jeanne d’Albret.
  • En 1569, il est notaire et secrétaire du Roi au Parlement de Bordeaux. Il sera également Trésorier Général de Guyenne.
  • En 1581, il est l’un des cinq jurats de Bordeaux qui élisent pour maire Michel de Montaigne.

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portrait de Montaigne – anonyme – vers 1590

Guilhaume de Cursol poète

 

Guilhaume de Cursol était très érudit et échangeait des sonnets avec Pierre de Brach de Montussan, parlementaire et poète.

 

Sonnet de G. de Cursol

…..

Mais Bourdeaux, plus qu’eux deux*, se dira bien-heureux

……

D’avoir un BRACH pour fils successeur de sa gloire

……

 *Ronsard et du Bellay

Réponse de Pierre de Brach

Cursol, alors qu’un vers entonné gravement

Verse sur nous le miel d’une gloire chantée

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Photo du portrait de Pierre de Brach (gravure sur bois qui est en tête de ses œuvres)

 Guilhaume de Cursol et le Portugal

 

 Guilhaume de Cursol participa aux échanges privilégiés entre Bordeaux et le Portugal : En effet, c’est André de Gouvea (ou Govea), portugais, qui  créa le collège de Guyenne (en face du Lycée M. Montaigne actuel) puis, dix ans plus tard, aidé des dix meilleurs professeurs de Bordeaux dont Elie Vinet, fonda le Collège des Arts de Coïmbre. Sans aller au Portugal, Guilhaume de Cursol en apprit la langue et traduisit l’oeuvre d’Hector Pinto, « des dialogues à méditer par tous ceux qui sont sincèrement désireux de paix ». Il publie son livre en 1580, année où Montaigne publie ses Essais et où Elie Vinet traduit les poèmes d’Ausone.

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Université de Coïmbre

Guilhaume de Cursol et sa famille

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Photo d’un couple sous Henri III

 Guillaume de Cursol s’était marié en 1562 (ou 1569) avec Jeanne de Bonneau, qui était veuve de Charles de Vacquey (famille de jurats bordelais). Ils eurent deux enfants, Ogier et Jeanne. Ogier épousera en 1592 Jaquette de Lestonnac qui est la nièce de Montaigne.

Ils habitaient  Belle-fontaine à Baron ou bien à Bordeaux, rue du Mirail où résidaient tous les parlementaires.

En 1576, c’est la guerre civile entre catholiques et protestants et l’Entre-Deux-Mers est ravagé par les incursions des troupes de Castillon, Sainte-Foy et Bergerac, auxquelles s’ajoutent les pillards et voleurs qui courent et pillent les principales maisons. Aussi Guilhaume de Cursol demande à Henri III la permission « d’enclore, de murailles dressées sur une basse cour, sa maison de Belle-fontaine et de construire à chaque coin de la clôture une tour avec canonnière pour la sûreté de lui-même, de sa femme et de ses enfants »

 

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Photo d’une tour avec sa meurtrière

En juin 1585, c’est l’épidémie de peste à Bordeaux : 14 000 personnes, soit la moitié de la population de la ville en mourut. Le Collège de Guyenne fut frappé en premier : le régent est emporté en quelques jours puis le recteur de l’Université. L’épouvante est générale, chacun  fuit ; le Collège et le Parlement se refugient à Libourne (Histoire de Bordeaux)

Guilhaume de Cursol meurt de la peste à Belle-fontaine le 17 août 1585. Il est enterré dans l’église de Baron.

Comme tous ces messieurs, les juges de la Sénéchaussée étaient absents à cause de la peste, le testament de Guilhaume de Cursol ne fut ouvert que trois mois plus tard. On apprend que sa femme, Jeanne de Bonneau ne sait ni lire ni écrire et, de ce fait, doit donner procuration à Jean du Bernet, seigneur de Raymond.

 

Ah ! Il faudra encore du temps pour que les filles aient droit à l’éducation !

Sources :

  • Œuvres poétiques de Pierre de Brach – publiées et annotées par R. Dezeimeris. Tome 2- Genève 1969.
  • L’image de la vie chrétienne traduit en notre langue française par Guilhaume de Cursol, chevalier seigneur de Belle-fontaine et de Montestruc. 2nd édition – Paris 1583. Fonds patrimonial de la Bibliothèque de Bordeaux
  • La France et le monde luso-brésilien – Échanges et représentations XVI°-XVIII° siècle. Saulo Neiva P.U.B. Pascal 2005.
  • Archives privées

 

 

C.L.